Se dévouant corps et âme pour les autres, donnant sans compter, Sam devint très vite la personne ressource. Pour lui, hors de question de dire « non ». Sam portait haut les valeurs de son entreprise, se montrant tout à la fois agile, collaboratif et enthousiaste. Pour indispensable qu’il fut, Sam manquait paradoxalement de singularité.

Indubitablement, Sam était devenu un homme de poids, à ce point que le pan gauche de sa chemise refusait obstinément de rester dans son pantalon. Fallait-il voir dans ce conflit textile d’autres conflits à venir plus sombres et plus terribles liés à l’esprit novateur de cet expert en investigation des systèmes complexes ?
Pour l’heure, Sam trouvait sa tenue décontractée quand d’autres l’auraient qualifiée de négligée.

Sam était parvenu à satisfaire son plus grand désir. Désormais, il comptait pour les autres et les autres pouvait compter sur lui. Devait-il s’en satisfaire ? Un nouveau sentiment se fit jour : l’ennui. Voilà que son striatum le titillait à nouveau. Il entreprit un profond travail d’introspection.
Sam se sentait l’âme d’un spéléologue. Il fouillerait sans relâche chaque recoin de son moi pour trouver l’origine de cet ennui lancinant.

Il se devait de retourner aux fondamentaux. Que désire-t-on le plus ? Spontanément, il s’écria : « manger ! ». Encore une de ces fulgurances dont Sam était coutumier. Il cocha sur sa liste ce premier item. A l’évidence, manger ne causait pas à Sam le moindre ennui, bien au contraire.

Sam le hardi s’engagea plus profondément dans le gouffre de son système nerveux central. Si manger le satisfaisait au plus haut point, que lui fallait-il pour y parvenir ? A l’évidence, savoir où se trouve la nourriture !
Acquérir des connaissances pour manger, est-ce vraiment tout ? Se demandait Sam perplexe. Il est des jours comme ça où tout s’enchaîne. Des jours où l’on va de révélation en révélation.

Ce jour-là n’en n’était pas un.