Ce fut donc un autre jour où le hasard servit Sam fort heureusement. L’un de ses collègues lui imposa de manière assez cavalière une tâche chronophage dont personne ne voulait jamais s’acquitter. Chaque semaine, elle échouait sur le bureau de Sam. Sam avait, sur le sujet, développé certaines habilités quand les autres en étaient désormais dépourvues.

Mais dans le même temps, d’autres collègues avaient sollicité Sam pour d’autres tâches toutes aussi ingrates. Sam se vit contraint de refuser son aide.

« Tu es le seul à savoir le faire » lui avait-on rétorqué.

Et c’était vrai !

Sam se sentit alors envahi par un sentiment nouveau et enivrant, qui à lui seul suffisait à chasser l’ennui. Sans doute possible, Sam venait de découvrir le besoin d’asseoir son pouvoir. Manger, obtenir du savoir, asseoir son pouvoir, c’est donc cela que l’on désire le plus ? s’interrogea Sam.

Abondamment nourri d’un sentiment d’omnipotence, il se redressa. Notre pilote audacieux fonçait sur la route du succès, emporté par l’inertie de sa réussite. Grisé, il éprouvait le grand frisson de l’effet tunnel. Droit devant, toujours plus vite, incapable d’anticiper le moindre virage.

Supporté par sa hiérarchie, son nom s’affichait enfin au tableau du meilleur employé du mois.

« Être premier c’est bien, le rester, c’est mieux ! » lança le manager à Sam en guise de félicitations.
Tiens j’ai pris la liberté de te confier 2 ou 3 nouveaux dossiers, on demande toujours plus au meilleur pas vrai mon vieux ! ».

À ces mots, le second pan de sa chemise fut éjecté aussitôt de son pantalon. Très probablement le signe d’un désordre fondateur d’un nouvel ordre. Mais quel ordre ?
Il venait de prendre conscience que pour rester sur place, il devrait désormais aller toujours plus vite. Est-cela que Sam désirait le plus maintenant ? Il se découvrit en panne de fulgurance ! Le striatum était aux abonnés absent.

Heureusement, Sam avait de la ressource : sa mère.